Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, V.djvu/55

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
45
CONTES ARABES.

quel miracle ?… Il ne put achever. Il fut tout-à-coup saisi d’un transport de joie si vif, qu’il s’évanouit. Tourmente et le syndic s’empressèrent à le secourir ; mais dès qu’ils remarquèrent qu’il commençoit à revenir de son évanouissement, le syndic pria la dame de se retirer, de peur que sa vue n’irritât le mal de Ganem.

Ce jeune homme ayant repris ses esprits, regarda de tout côté ; et ne voyant pas ce qu’il cherchoit : « Belle Tourmente, s’écria-t-il, qu’êtes-vous devenue ? Vous êtes-vous en effet présentée à mes yeux, ou n’est-ce qu’une illusion ? » « Non, Seigneur, lui dit le syndic, ce n’est point une illusion : c’est moi qui ai fait sortir cette dame, mais vous la reverrez sitôt que vous serez en état de soutenir sa vue. Vous avez besoin de repos présentement ; et rien ne doit vous empêcher d’en prendre. Vos affaires ont changé de face, puisque vous êtes, ce me semble, ce Ganem à qui le Commandeur des croyans