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LES MILLE ET UNE NUITS,

Dès que le sultan fut levé, il ne manqua pas, selon sa coutume, de se rendre au cabinet ouvert, pour avoir le plaisir de contempler et d’admirer le palais d’Aladdin. Il jeta la vue du côté où il avoit coutume de voir ce palais, et il ne vit qu’une place vuide, telle qu’elle était avant qu’on l’y eût bâti. Il crut qu’il se trompoit, et il se frotta les yeux ; mais il ne vit rien de plus que la première fois, quoique le temps fût serein, le ciel net, et que l’aurore qui avoit commencé de paroître rendit tous les objets fort distincts. Il regarda par les deux ouvertures à droite et à gauche, et il ne vit que ce qu’il avoit coutume de voir par ces deux endroits. Son étonnement fut si grand, qu’il demeura long-temps dans la même place, les yeux tournés du côté où le palais avoit été, et où il ne le voyoit plus, en cherchant ce qu’il ne pouvoit comprendre, savoir : comment il se pouvoit faire qu’un palais aussi grand et aussi apparent que celui d’Aladdin, qu’il avoit vu presque chaque