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CONTES ARABES.

un linge ; elle se tient debout depuis le commencement de l’audience jusqu’à la fin, et affecte de se mettre toujours devant moi. Savez-vous ce qu’elle demande ? »

Le grand visir qui n’en savoit pas plus que le sultan, ne voulut pas néanmoins demeurer court. « Sire, répondit-il, votre Majesté n’ignore pas que les femmes forment souvent des plaintes sur des sujets de rien : celle-ci apparemment vient porter sa plainte devant votre Majesté sur ce qu’on lui a vendu de la mauvaise farine, ou sur quelqu’autre tort d’aussi peu de conséquence. » Le sultan ne se satisfit pas de cette réponse. « Au premier jour du conseil, reprit-il, si cette femme revient, ne manquez pas de la faire appeler, afin que je l’entende. » Le grand visir ne lui répondit qu’en baisant la main et en la portant au-dessus de sa tête, pour marquer qu’il étoit prêt à la perdre s’il manquoit à exécuter l’ordre du sultan.

La mère d’Aladdin s’étoit déjà fait une habitude si grande de paroître au