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CONTES ARABES.

le monde qu’Aladdin avoit perdu l’esprit. Quelques-uns n’en firent que rire ; mais les gens les plus raisonnables, et particulièrement ceux qui avoient eu quelque liaison d’amitié et de commerce avec lui, en furent véritablement touchés de compassion. Il demeura trois jours dans la ville, en allant tantôt d’un côté, tantôt d’un autre, et en ne mangeant que ce qu’on lui présentoit par charité, et sans prendre aucune résolution.

Enfin, comme il ne pouvoit plus, dans l’état malheureux où il se voyoit, rester dans une ville où il avoit fait une si belle figure, il en sortit, et il prit le chemin de la campagne. Il se détourna des grandes routes ; et après avoir traversé plusieurs campagnes dans une incertitude affreuse, il arriva enfin à l’entrée de la nuit au bord d’une rivière ; là il lui prit une pensée de désespoir : « Où irai-je chercher mon palais, dit-il en lui-même ? En quelle province, en quel pays, en quelle partie du monde le trouverai-je, aussi bien que ma chè-