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CONTES ARABES.

tout son appareil de beauté et de charmes, et elle lui montra de la main la place honorable où elle attendoit qu’il se mît, pour s’asseoir en même temps que lui : civilité distinguée qu’elle ne lui avoit pas encore faite.

Le magicien africain plus ébloui de l’éclat des beaux yeux de la princesse, que du brillant des pierreries dont elle étoit ornée, fut fort surpris. Son air majestueux, et un certain air gracieux dont elle l’accueilloit, si opposé aux rebuts avec lesquels elle l’avoit reçu jusqu’alors, le rendit confus. D’abord il voulut prendre place sur le bord du sofa ; mais comme il vit que la princesse ne vouloit pas s’asseoir dans la sienne, qu’il ne se fût assis où elle souhaitoit, il obéit.

Quand le magicien africain fut placé, la princesse, pour le tirer de l’embarras où elle le voyoit, prit la parole en le regardant d’une manière à lui faire croire qu’il ne lui étoit plus odieux, comme elle l’avoit fait paroître auparavant, et elle lui dit : « Vous vous étonnerez, sans doute,