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CONTES ARABES.

mon libérateur, que j’avois regardé et pleuré comme perdu pour moi, et que le bonheur que je viens d’avoir de l’embrasser, me remet à peu près dans la même assiette qu’auparavant. Toute ma peine néanmoins, à proprement parler, n’a été que de me voir arrachée à votre Majesté et à mon cher époux, non-seulement par rapport à mon inclination à l’égard de mon époux, mais même par l’inquiétude où j’étois sur les tristes effets du courroux de votre Majesté, auquel je ne doutois pas qu’il ne dût être exposé, tout innocent qu’il étoit. J’ai moins souffert de l’insolence de mon ravisseur qui m’a tenu des discours qui ne me plaisoient pas. Je les ai arrêtés par l’ascendant que j’ai su prendre sur lui. D’ailleurs j’étois aussi peu contrainte que je le suis présentement. Pour ce qui regarde le fait de mon enlèvement, Aladdin n’y a aucune part : j’en suis la cause moi seule, mais très-innocente. »

Pour persuader au sultan qu’elle disoit la vérité, elle lui fit le détail du