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CONTES ARABES.

» En faisant notre repas, après nous être entretenus de plusieurs choses indifférentes, le derviche me dit que dans un lieu peu éloigné de celui où nous étions, il avoit connoissance d’un trésor plein de tant de richesses immenses, que quand mes quatre-vingts chameaux seroient chargés de l’or et des pierreries qu’on en pouvoit tirer, il ne paroîtroit presque pas qu’on en eût rien enlevé.

» Cette bonne nouvelle me surprit et me charma en même temps. La joie que je ressentis en moi-même, faisoit que je ne me possédois plus. Je ne croyois pas le derviche capable de m’en faire accroire ; ainsi je me jetai à son cou, en lui disant : « Bon derviche, je vois bien que vous vous souciez peu des biens du monde ; ainsi à quoi peut vous servir la connoissance de ce trésor ? Vous êtes seul, et vous ne pouvez en emporter très-peu de chose. Enseignez-moi où il est, j’en chargerai mes quatre-vingts chameaux, et je vous en ferai présent d’un en reconnoissance du