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CONTES ARABES.

l’embrassai, je le baisai et je lui fis tant de caresses, en le conjurant de ne me les pas refuser, et de mettre par-là le comble à l’obligation que je lui aurois éternellement, qu’il me combla de joie en m’annonçant qu’il y consentoit.

« Faites-en un bon usage, mon frère, ajouta-t-il, et souvenez-vous que Dieu peut nous ôter les richesses comme il nous les donne, si nous ne nous en servons à secourir les pauvres qu’il se plaît à laisser dans l’indigence exprès pour donner lieu aux riches de mériter par leurs aumônes une plus grande récompense dans l’autre monde. »

» Mon aveuglement étoit si grand, que je n’étois pas en état de profiter d’un conseil si salutaire. Je ne me contentai pas de me revoir possesseur de mes quatre-vingts chameaux, et de savoir qu’ils étoient chargés d’un trésor inestimable qui devoit me rendre le plus fortuné des hommes. Il me vint dans l’esprit que la petite boîte de pommade dont le derviche