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CONTES ARABES.

souvenir, ajouta-t-il, que je vous ai averti que si vous en mettez sur l’œil droit, vous deviendrez aveugle aussitôt. Telle est la vertu de cette pommade, il faut que vous vous y accommodiez. »

» Loin de me persuader que le derviche me dît la vérité, je m’imaginai au contraire qu’il y avoit encore quelque nouveau mystère qu’il vouloit me cacher.

« Mon frère, repris-je en souriant, je vois bien que vous voulez m’en faire accroire ; il n’est pas naturel que cette pommade fasse deux effets si opposés l’un à l’autre. »

« La chose est pourtant comme je vous le dis, repartit le derviche, en prenant le nom de Dieu à témoin, et vous devez m’en croire sur ma parole ; car je ne sais point déguiser la vérité. »

» Je ne voulus pas me fier à la parole du derviche, qui me parloit en homme d’honneur ; l’envie insurmontable de contempler à mon aise tous les trésors de la terre, et peut--