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CONTES ARABES.

» Je poussai mon opiniâtreté jusqu’au bout. « Mon frère, lui dis-je assez fermement, je vous prie de passer par-dessus toutes les difficultés que vous me faites ; vous m’avez accordé fort généreusement tout ce que je vous ai demandé jusqu’à présent ; voulez-vous que je me sépare de vous mal satisfait, pour une chose de si peu de conséquence ? Au nom de Dieu, accordez-moi cette dernière faveur. Quoi qu’il en arrive, je ne m’en prendrai pas à vous, et la faute en sera sur moi seul. »

» Le derviche fit toute la résistance possible ; mais comme il vit que j’étois en état de l’y forcer : « Puisque vous le voulez absolument, me dit-il, je vais vous contenter. »

» Il prit un peu de cette pommade fatale, et me l’appliqua donc sur l’œil droit, que je tenois fermé ; mais hélas, quand je vins à l’ouvrir, je ne vis que ténèbres épaisses de mes deux yeux, et je demeurai aveugle comme vous me voyez !

» Ah, malheureux derviche, m’é-