ras où il se trouvoit. Il fallut pourtant se résoudre à en dire le sujet. Ainsi, avant que de parler, il se prosterna devant le trône du calife ; et après s’être relevé, il essaya de commencer pour satisfaire le calife ; mais il demeura comme interdit, moins frappé de la majesté du calife, devant lequel il paroissoit, que par la nature du récit qu’il avoit à lui faire.
Quelque impatience naturelle que le calife eût d’être obéi dans ses volontés, il ne témoigna néanmoins aucune aigreur du silence de Sidi Nouman : il vit bien qu’il falloit, ou qu’il manquât de hardiesse devant lui, ou qu’il fût intimidé du ton dont il lui avoit parlé, ou enfin que dans ce qu’il avoit à lui dire, il pouvoit y avoir des choses qu’il eût bien voulu cacher.
« Sidi Nouman, lui dit le calife pour le rassurer, reprends tes esprits, et fais état que ce n’est pas à moi que tu dois raconter ce que je te demande, mais à quelque ami qui t’en prie. S’il y a quelque chose dans ce récit qui te fasse de la peine, et dont tu croies