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CONTES ARABES.

main prêt à la lui jeter. Elle fit un grand cri ; et comme elle se fut retournée pour regagner la porte, je lui jetai l’eau en prononçant les paroles que la jeune magicienne m’avoit enseignées ; et aussitôt elle fut changée en une cavale, et c’est celle que votre Majesté vit hier.

» À l’instant et dans la surprise où elle étoit, je la saisis au crin ; et malgré sa résistance je la tirai dans mon écurie. Je lui passai un licou, et après l’avoir attachée en lui reprochant son crime et sa méchanceté, je la châtiai à grands coups de fouet, si long-temps, que la lassitude enfin m’obligea de cesser ; mais je me réservai de lui faire chaque jour un pareil châtiment.

» Commandeur des croyans, ajouta Sidi Nouman en achevant son histoire, j’ose espérer que votre Majesté ne désapprouvera pas ma conduite, et qu’elle trouvera qu’une femme si méchante et si pernicieuse est traitée avec plus d’indulgence qu’elle ne mérite. »