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CONTES ARABES.

» Commandeur des croyans, quand j’eus reçu la bourse, et que d’abord je l’eus mise dans mon sein, je fus dans un transport de joie si grande, et je fus si fort pénétré de ma reconnoissance, que la parole me manqua, et qu’il ne me fut pas possible d’en donner d’autre marque à mon bienfaiteur, que d’avancer la main pour lui prendre le bord de sa robe et la baiser ; mais il la retira en s’éloignant ; et ils continuèrent leur chemin lui et son ami.

» En reprenant mon ouvrage après leur éloignement, la première pensée qui me vint, fut d’aviser où je mettrois la bourse pour qu’elle fût en sûreté. Je n’avois dans ma petite et pauvre maison, ni coffre, ni armoire qui fermât, ni aucun lieu où je pusse m’assurer qu’elle ne serait pas découverte si je l’y cachois.

» Dans cette perplexité, comme j’avois coutume, avec les pauvres gens de ma sorte, de cacher le peu de monnoie que j’avois, dans les plis de mon turban, je quittai mon ouvrage