Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, VI.djvu/287

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
279
CONTES ARABES.

dant qu’il se soutenoit en l’air sans quitter prise ; mais il arriva malheureusement que dans les efforts que je faisois, mon turban tomba par terre.

» Aussitôt le milan lâcha prise et se jeta sur mon turban avant que j’eusse eu le temps de le ramasser, et l’enleva. Je poussai des cris si perçans, que les hommes, les femmes et les enfans du voisinage en furent effrayés, et joignirent leurs cris aux miens pour tâcher de faire quitter prise au milan.

» On réussit souvent, par ce moyen, à forcer ces sortes d’oiseaux voraces à lâcher ce qu’ils ont enlevé ; mais les cris n’épouvantèrent pas le milan : il emporta mon turban si loin, que nous le perdîmes tous de vue avant qu’il l’eut lâché. Ainsi, il eût été inutile de me donner la peine et la fatigue de courir après pour le recouvrer.

» Je retournai chez moi fort triste de la perte que je venois de faire de mon turban et de mon argent. Il fallut cependant en racheter un autre,