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CONTES ARABES.

arrive près du rocher, et il reconnoît les enseignes, et l’arbre sur lequel Ali Baba s’étoit caché. Il cherche la porte, il la trouve ; et pour la faire ouvrir, il prononce les paroles : Sésame, ouvre-toi. La porte s’ouvre, il entre, et aussitôt elle se referme. En examinant la grotte, il est dans une grande admiration de voir beaucoup plus de richesses qu’il ne l’avoit compris par le récit d’Ali Baba ; et son admiration augmente à mesure qu’il examine chaque chose en particulier. Avare et amateur des richesses, comme il l’étoit, il eût passé la journée à se repaître les yeux de la vue de tant d’or, s’il n’eût songé qu’il étoit venu pour l’enlever et pour en charger ses dix mulets. Il en prend un nombre de sacs, autant qu’il en peut porter ; et en venant à la porte pour la faire ouvrir, l’esprit rempli de toute autre idée que ce qui lui importoit davantage, il se trouve qu’il oublie le mot nécessaire, et au lieu de Sésame, il dit : Orge, ouvre-toi ; et il est bien étonné de voir que la porte,