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CONTES ARABES.

avec elle à la place de son époux, après avoir mis son sabre entr’elle et lui, et que son époux lui avoit été rendu, et le lit rapporté en sa place en aussi peu de temps. « Tout cela ne venoit que d’être fait, ajouta-t-elle, quand le sultan mon père est entré dans ma chambre ; j’étois si accablée de tristesse, que je n’ai pas eu la force de lui répondre une seule parole. Aussi je ne doute pas qu’il ne soit indigné de la manière dont j’ai reçu l’honneur qu’il m’a fait ; mais j’espère qu’il me pardonnera quand il saura ma triste aventure, et l’état pitoyable où je me trouve encore en ce moment. »

La sultane écouta fort tranquillement tout ce que la princesse voulut bien lui raconter ; mais elle ne voulut point y ajouter foi. « Ma fille, lui dit-elle, vous avez bien fait de ne point parler de cela au sultan votre père. Gardez-vous bien d’en rien dire à personne : on vous prendroit pour une folle, si on vous entendoit parler de la sorte. » « Madame, reprit la