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CONTES ARABES.

habillé plus magnifiquement que la première fois ; et il fut reçu par le sultan avec la même joie et avec la même satisfaction. Il continua plusieurs mois à lui rendre visite, et toujours dans un équipage plus riche et plus éclatant.

À la fin, quelques visirs, favoris du sultan, qui jugèrent de la grandeur et de la puissance du prince Ahmed, par les échantillons qu’il en faisoit paroître, abusèrent de la liberté que le sultan leur donnoit de lui parler, pour lui faire naître de l’ombrage contre lui. Ils lui représentèrent qu’il étoit de la bonne prudence qu’il sût où le prince son fils faisoit sa retraite, d’où il prenoit de quoi faire une si grande dépense, lui à qui il n’avoit assigné ni apanage, ni revenu fixe, qui sembloit ne venir à la cour que pour le braver en affectant de faire voir qu’il n’avoit pas besoin de ses libéralités pour vivre en prince ; et qu’enfin il étoit à craindre qu’il ne fît soulever les peuples pour attenter à le détrôner.