Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, VII.djvu/264

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
256
LES MILLE ET UNE NUITS,

commode dans l’usage, le prince Ahmed n’oublia pas de l’avertir que cette grandeur se trouveroit toujours proportionnée à celle de son armée.

En apparence, le sultan des Indes témoigna au prince l’obligation qu’il lui avoit d’un présent si magnifique, en le priant d’en bien remercier la fée Pari-Banou de sa part ; et pour lui marquer davantage l’état qu’il en faisoit, il commanda qu’on le gardât soigneusement dans son trésor. Mais en lui-même il en conçut une jalousie plus outrée que celle que ses flatteurs et la magicienne lui avoient inspirée, en considérant qu’à la faveur de la fée, le prince son fils pouvoit exécuter des choses qui étoient infiniment au-dessus de sa propre puissance, nonobstant sa grandeur et ses richesses. Ainsi, plus animé qu’auparavant à ne rien oublier pour faire en sorte qu’il périt, il consulta la magicienne ; et la magicienne lui conseilla d’engager le prince à lui apporter de l’eau de la fontaine des Lions.

Sur le soir, comme le sultan te-