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CONTES ARABES.

« Tu m’as demandé, dit-il ; me voici. Que veux-tu de moi ? »

Le sultan, au lieu de répondre, s’étoit mis les mains devant les yeux, et détournoit la tête pour ne pas voir un objet si effroyable. Schaïbar indigné de cet accueil incivil et offensant, après lui avoir donné la peine de venir, leva sa barre de fer, et en lui disant : « Parle donc, » il la lui déchargea sur la tête et l’assomma ; et il eut plutôt fait que le prince Ahmed n’eût pensé à lui demander grâce. Tout ce qu’il put faire fut d’empêcher qu’il n’assommât aussi le grand visir, qui n’étoit pas loin de la droite du sultan, en lui représentant qu’il n’avoit qu’à se louer des bons conseils qu’il avoit donnés au sultan son père.

« Ce sont donc ceux-ci, dit Schaïbar, qui lui en ont donné de mauvais. »

En prononçant ces paroles, il assomma les autres visirs à droite et à gauche, tous favoris et flatteurs du sultan, et ennemis du prince Ahmed. Autant de coups, autant de morts, et il n’en échappa que ceux