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CONTES ARABES.

Le calife lui répondit d’un ton ferme et assuré : « Infâme valet, que t’importe ? » L’eunuque déconcerté crut voir dans l’auguste souverain, un lion prêt à se jeter sur lui : il prit la fuite, et courut en tremblant à son maître, qui lui dit en le voyant : « Malheureux, que t’est-il arrivé ? » « Monseigneur, dit-il, tandis que j’étois assis devant la porte, un homme est entré dans la rue et s’est approché de l’hôtel : j’ai voulu le frapper, il m’a crié d’une voix de tonnerre : « Infâme valet. » J’ai pris la fuite, et je viens vous rendre compte. »

L’émir, en écoutant ce discours, pensa étouffer de colère. « Traiter mes gens d’infâmes, s’écrie-t-il, c’est me faire injure à moi-même ! Je vais punir cet insolent. » Aussitôt il se lève, prend une énorme masse d’armes capable de briser une montagne, et sort en criant : « Où est l’insolent qui m’insulte en traitant mes gens d’infâmes ? » Le calife voyant venir Iounis, l’appelle par son nom. Iounis reconnut aussitôt la voix