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LES MILLE ET UNE NUITS,

tourna près du calife, et lui raconta ce que lui avoit dit le fou. « À ce que je vois, lui dit le calife, tu n’as pas envie d’éprouver sa puissance. Cependant c’est à l’épreuve, comme dit le proverbe, qu’on connoît le mérite des hommes. »

Le calife entra ensuite lui-même dans la troisième loge. Il y vit un jeune homme qui n’avoit point encore de barbe, d’une figure intéressante ; devant lui étoit un livre qu’il lisoit. lue calife le salua : il lui rendit le salut. « Pourquoi êtes-vous ici, lui dit le calife ; car vous me paroissez avoir toute votre raison » ? Le jeune homme lui dit, en poussant un profond soupir :

« Asseyez-vous tous ici, respectables derviches, afin que je vous ouvre mon cœur, et que je vous raconte la cause de ma détention. Chaque jour je demande à Dieu qu’il fasse venir ici notre souverain, pour lui raconter la manière dont on m’a traité par ordre de son visir Giafar ; je suis sûr que s’il pouvoit m’enten-