Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, VIII.djvu/164

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
114
LES MILLE ET UNE NUITS,

j’étois ivre. « N’est-il pas honteux, dit quelqu’un, en me poussant avec le pied, de s’enivrer au point de tomber ainsi dans la rue ? » « Que dites-vous, dit un autre en me considérant plus attentivement, cet homme n’est point ivre ; mais il vient d’avoir la bastonnade ? Voyez comme ses pieds sont enflés, et comme la marque de la corde est empreinte dans la chair. »

» Enfin, quelqu’un me reconnut, et on alla avertir mon père, qui accourut aussitôt. Il fut pénétré de me voir dans ce pitoyable état, me releva, et s’imagina que j’allois marcher ; mais, quoique la connoissance me fût un peu revenue, cela me fut impossible, et il fut obligé de me porter sur son dos jusqu’à la maison. Il envoya aussitôt chercher des médecins, des chirurgiens, et me prodigua tous les secours que mon état exigeoit.

» Je fus quarante jours à me rétablir. Au bout de ce temps, mon père voulut savoir mon aventure, et me