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CONTES ARABES.

dérable, s’empara de la capitale, et l’obligea de se dérober, par la fuite, à la cruauté du vainqueur.

» Ce roi fugitif, accompagné seulement de quelques officiers, vint à la cour d’Abousaber, pour lui demander du secours. Ils se reconnurent à la première entrevue. « Tu vois, lui dit Abousaber, l’effet et la récompense de la patience. Le Tout-Puissant te livre entre mes mains. »

» Abousaber ordonna qu’on dépouillât le roi fugitif et ses officiers de tout ce qu’ils avoient, leur fit ôter même leurs habits, et les chassa de ses états.

» Toute sa cour, l’armée et le peuple furent étonnés de ce traitement, qui paroissoit si contraire à l’humanité qu’Abousaber avoit montrée jusque-là, et n’en concevoient pas la raison. On se disoit mutuellement : « Quelle est donc la conduite de notre souverain ? Un roi voisin vient implorer son secours, et il le dépouille de tout ! Ce n’est pas ainsi que les rois en agissent ordinairement. »