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CONTES ARABES.

c’est de veiller sur Aroua. Tu sais que pour l’obtenir, il m’a fallu employer la force : elle est ce que j’ai de plus cher au monde ; prends garde que ce trésor ne m’échappe. » Cardan, flatté de la confiance du roi, l’assura qu’il pouvoit compter sur son zèle et sur sa vigilance.

» Après le départ du roi Dadbin, Cardan fut curieux de voir celle dont la garde lui étoit confiée. Il profita de l’autorité qu’il avoit sur tout ce qui entouroit la reine, et se cacha dans un endroit favorable à son dessein. Il fut ébloui de la beauté d’Aroua, et en devint tellement amoureux, qu’il en perdit bientôt le repos et la raison. Il résolut de lui faire connoître ses sentimens, et lui écrivit en ces termes :

« Madame, l’amour que j’ai conçu pour vous me consume. C’en est fait de ma vie, si vous n’avez pitié du malheureux Cardan. »

» La reine, outrée de l’insolence de ce billet, le renvoya sur-le-champ avec cette réponse :