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CONTES ARABES.

pénétroit pas le motif, et son visir n’étoit pas moins inquiet que lui. Ils furent obligés de se mettre en marche sur-le-champ, et de faire la plus grande diligence.

» Arrivés à la cour de Perse, on les fît entrer aussitôt dans la salle où le roi donnoit ses audiences. Des esclaves y apportent un trône sur lequel étoit assise Aroua, cachée par des rideaux qui l’entouroient. On place ce trône à côté de celui de Chosroès. Aroua tire alors le rideau qui étoit devant elle, et s’adresse à Cardan :

« C’est toi, je n’en puis douter, lui dit-elle, qui, abusant de la crédulité de mon époux, m’as fait chasser honteusement de son palais. Le mensonge est ici inutile ; rends hommage à la vérité, et dis quel motif t’avoit fait conjurer ma perte ? »

» Cardan confondu baissa les yeux, et répondit en pleurant : « La reine fut toujours sage et vertueuse ; je suis le seul coupable. Un amour criminel qu’elle a repoussé avec indignation, et la crainte que le roi n’en fût ins-