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LES MILLE ET UNE NUITS,

à pleurer. « Quelle cruelle destinée, quelle mort affreuse, disoit-il en lui-même ! J’ai échappé à la fureur d’un lion, je suis sorti du souterrain où j’ai été élevé, j’ai recouvré la vie que des voleurs croyoient m’avoir ôtée, et je vais finir ici lentement mes jours, victime de la faim et du désespoir ! »

» Tandis que le jeune prince s’abandonnoit à ces tristes réflexions, il entendit un bruit semblable au murmure d’une fontaine. Il prête l’oreille, fait quelques pas, et s’aperçoit que le bruit augmente. Il s’avance toujours du même côté, entend bientôt le bruit des flots, et se trouve sur le bord d’une rivière considérable qui couloit avec rapidité. Le prince dit alors en lui-même :

« Puisque je ne puis éviter la mort, il m’importe peu de périr quelques momens plutôt ou plus tard, et j’aime mieux être tout-à-coup submergé que de périr lentement dans ce puits. »

» En disant cela, le prince se précipita dans le fleuve. La rapidité du courant, et la nature de cette eau,