Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, VIII.djvu/484

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
434
LES MILLE ET UNE NUITS,

amené récemment de Perse, est l’objet des amours de la reine. Je viens de la surprendre qui l’embrassoit à la porte de son appartement. »

» Il seroit difficile de peindre l’impression que ce peu de mots fit sur le roi d’Égypte. Il resta d’abord quelque temps immobile ; ensuite il devint furieux, déchira ses habits, s’arracha la barbe, et se frappa le visage. Tout-à-coup il ordonna qu’on se saisît du jeune homme et de l’esclave qui l’avoit amené, et qu’on les renfermât dans un cachot ; il sortit de son appartement, se rendit chez la reine, et lui dit en l’abordant :

« Votre conduite, Madame, est vraiment digne de votre naissance, et vous soutenez bien la réputation de sagesse et de vertu qui vous a fait rechercher par les rois des pays les plus éloignés. Votre caractère, vos inclinations naturelles se manifestent par les plus belles actions. « Le sultan, renonçant bientôt à l’ironie, accabla la reine des plus sanglans reproches, la menaça qu’il se vengeroit d’une