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CONTES ARABES.

cun ici partage ma joie. Les oiseaux même semblent célébrer mon bonheur, et remplissent le ciel de chants d’alégresse. Vous seuls, ministres pervers, vous gémissez, et vous détestez en secret ma félicité. Je serois aussi affligé que vous, si j’eusse suivi vos conseils, et la mort seule eût pu terminer mes regrets. »

« Mon père, dit alors le jeune prince, votre justice, votre prudence, votre bonté, votre attention à rechercher et à examiner la vérité, votre lenteur à punir ont triomphé de leurs artifices, et vous ont épargné les cruels regrets que la précipitation cause trop souvent. Quant à moi, tout mon crime aux yeux de vos visirs, vint de mon zèle pour vos intérêts et pour ceux de votre état. Je réprimois leur avarice et leur cupidité, en les empêchant de puiser à leur gré dans vos trésors. Je suis devenu par-là l’objet de leur haine, et ils s’étoient ligués pour me perdre. »

Azadbakht, avant de faire punir les dix visirs, voulut récompenser celui