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CONTES ARABES.

bien, venez avec moi, vous verrez une beauté telle que vous n’en avez jamais vu ! »

« Quoi donc, dit le calife en lui-même, cette vieille femme, que je prenois pour une femme de bien, feroit-elle le plus infâme des métiers ! Je ne veux lui rien donner que je ne sache ce que ceci va devenir. » Dans ce dessein, il les suivit de très-près. La vieille entra dans sa maison avec le jeune homme. Le calife se glissa derrière eux et se cacha dans un endroit d’où il pouvoit tout voir sans être aperçu. La vieille appela sa fille, qui sortit aussitôt d’un cabinet.

Le calife fut étonné de voir une beauté à laquelle aucune de ses femmes ne pouvoit être comparée. Sa taille étoit noble et bien proportionnée ; ses yeux noirs, languissans, étoient empreints d’un collyre magique plus puissant que tout l’art des Babyloniens[1] ; ses sourcils ressem-

  1. La ville de Babylone, ou Babel, est renommée parmi les Mahométans pour ses prestiges et ses enchantemens. Cette opinion est fondée sur un passage du Coran, dans lequel il est dit que deux anges prévaricateurs, Harout et Marout, enseignoient la magie à Babylone. (Coran, chapitre II, ou de la Vache, verset 112, édition de Maracci.)