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les nuits persanes

LE LAC DES MORTS

à augusta holmès[1]


J’ai fondu toute une armée
Dans le profond alambic
D’une vallée enfermée
Entre des rochers à pic.

On a tout tué, de sorte
Qu’un lac de sang s’est formé
Où, sans prendre aucune escorte,
Dans un bateau, j’ai ramé.

Il faisait nuit, et la lune
S’émerveillait de se voir,
Loin de la blancheur commune,
Toute rouge en ce miroir.

Autour de moi, quelque chose
Dans l’air se vaporisait,
Qui prenait un reflet rose
Quand un rayon s’y posait.

  1. En tête de ces vers, s’impose le nom de celle qui, dans un chant harmonieux, les a revêtus de musique étrange et profonde.