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les nuits persanes

LES JONGLEURS

à charles joliet


Je viens de voir sur une place,
Au fond des ignobles faubourgs,
Un grand cercle de populace
Qui, chassant les soucis trop lourds
Pour sa misère fainéante,
Examine, bouche béante,
Comme un marmot une géante,
Quatre jongleurs faisant leurs tours.

Le premier se sert, quand il joue,
De boules d’or que le soleil,
Amoureusement, sur la joue,
Baise de son baiser vermeil ;
L’autre, en ses mains favorisées,
Groupe des guirlandes rosées ;
Avec des perles irisées,
L’autre tient son monde en éveil.

Mais tous les trois, on les dédaigne,
Lorsque paraît, les traits en feu,