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Page:Les Poètes lauréats de l’Académie française, tome 1, 1864.djvu/366

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Tantôt les consolait ; d’un regard d’innocence
Tantôt du juste ciel invoquait la puissance,
Ou pressait sur son cœur, en soupirant tout bas,
Sa fille, tendre enfant qui dormait dans ses bras ;
Et l’héroïque orgueil qui réprimait ses larmes
De sa beauté sauvage ennoblissait les charmes.
O vous, dont les attraits, brillants comme les fleurs,
De la rose à l’albâtre unissent les couleurs,
Blanches filles d’Europe, excusez mon langage :
L’ébène pâlirait auprès de son visage ;
Mais qu’importe qu’il soit ou d’ébène ou de lis ?
D’un sentiment divin tous ses traits embellis
Révèlent un cœur tendre ; en ses yeux, en son âme,
L’astre qui la brunit a répandu sa flamme.
Jadis le voyageur, à l’aspect du palmier
Qui signalait au loin son chaume hospitalier,
Oubliait le désert et la soif importune
Ce généreux penchant, qui charmait sa fortune,
La suit dans sa misère, et pour d’autres malheurs
Sa pitié trouve encore des secours et des pleurs.
Oui, ce don d’alléger les peines qu’on partage,
De grâce et de pudeur ce touchant assemblage,
Cet instinct des bienfaits par nos maux excité,
Femmes, c’est votre empire, et voilà la beauté.