Nous venons y chercher le plaisir ou la gloire,
Et des maux de la vie y perdre la mémoire.
Pour les infortunés un livre est un ami ;
Par lui, dans ses revers le captif affermi
Voit de ses tristes jours se renouer la trame ;
Au charme des beaux vers abandonnant son âme,
Il est libre ; il retrouve un ciel, un horizon.
Virgile le console ; et, pleurant sur Didon,
Il oublie un moment de pleurer sur lui-même.
Un livre allège aux rois le faix du diadème ;
Un livre peut sauver plus d’un crime aux tyrans :
Il calme tous les maux, il instruit tous les rangs.
Le pauvre y vient apprendre à supporter sa chaîne,
L’esclave à la briser ; il anime, il entraîne ;
Enflamme le guerrier aux récits des exploits,
Et conduit vers la gloire et poètes et rois.
Que de fois, dévoré par de sombres alarmes,
Triste du souvenir d’un passé plein de larmes,
J’errai seul et pensif, redemandant aux cieux
Un père, dont la gloire a fui mes jeunes yeux.
Si mes auteurs chéris frappent alors ma vue,
Malgré moi, pénétré d’une joie imprévue,
Je m’arrête, et mon cœur un moment consolé
Redit tout bas les vers où leur cœur a parlé.
Tout un peuple d’amis à mes côtés se presse :
Page:Les Poètes lauréats de l’Académie française, tome 1, 1864.djvu/435
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