Page:Les Progrès du libertinage, 1793.djvu/18

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Je t’avouerai que les six semaines qui s’écoulerent depuis la mort de Grand-pine, ton prédécesseur, jusqu’à ton entrée dans ce couvent, nous parurent six siècles. Nous avions bien les plaisirs que nous autres femmes savons nous procurer ; mais à des ames brûlantes il faut diversité de jouissances ; aussi tu dois te rappeller avec délices combien de folies nous fîmes la premiere nuit de notre union ; combien l’amour nous rendirent ingénieux, et combien nous fîmes renaître, sous mille formes différentes, et sous des attitudes multipliées, le plaisir qui sembloit s’échapper avec trop de vîtesse.

Je fus contente de toi ; ta mâle vigueur me réalisa tout ce que ces romans voluptueux décrivent de leurs héros. Grand-pine nous servit bien ; mais toi encore mieux. Je dois à la