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LE COCON

au peu de soie dont elles disposent. C’est ainsi que les chenilles velues mettent à profit leurs poils, qui se détachent alors sans difficulté, et les entremêlent avec les fils soyeux pour fabriquer une sorte de feutre ; d’autres font entrer dans le cocon une grossière filasse formée de brins de bois ; d’autres gâchent de la terre pour crépir les parois trop minces de leurs cellules ; d’autres se contentent d’une ceinture de soie qui les fixe dans quelque abri.

Émile. — Et le cocon de la zeuzère, comment est-il ?

Paul. — Dites-moi d’abord, mon cher enfant, dans quel but est construit le cocon.

Émile. — Ce n’est pas bien difficile : la chenille se fait un cocon pour être bien tranquille chez elle, et devenir papillon sans crainte d’être dérangée. Elle s’enferme afin de se transformer en paix.

Paul. — C’est bien cela. Dites-moi encore si la chenille de la zeuzère, sans se mettre en frais de construction, n’a pas une demeure solide, une retraite paisible, elle qui vit dans l’épaisseur d’une grosse branche d’arbre.

Émile. — Je le crois bien. Qui pourrait aller la troubler là dedans ?

Paul. — Eh bien, alors ?

Jules. — Je comprends : la chenille ne se fabrique pas de cocon.

Paul. — Oui, mon ami, la bête a trop d’esprit pour faire l’inutile. La zeuzère ne se fabrique pas de cocon, protégée qu’elle est par l’épaisseur du bois ; elle se contente de tamponner avec une bourre de sciure l’arrière du couloir, pour couper le chemin