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LES RAVAGEURS

délicatement repliées sur les flancs, sont très reconnaissables. Mais tout cela est immobile, tendre, blanc, ou même transparent comme le cristal. Cette ébauche d’insecte s’appelle nymphe.

L’expression de chrysalide usitée pour les papillons et l’expression de nymphe usitée pour les autres insectes signifient une même chose sous des apparences un peu différentes. La chrysalide et la nymphe sont, l’une et l’autre, l’insecte en voie de formation, l’insecte étroitement emmailloté dans des langes sous lesquels s’achève l’incompréhensible travail qui doit changer de fond en comble la structure première.

En une vingtaine de jours, si la température est propice, la chrysalide du ver à soie s’ouvre ainsi qu’un fruit mûr, et de sa coque fendue s’échappe le papillon, tout chiffonné, tout humide, pouvant à peine se tenir sur ses jambes tremblantes. Il lui faut le grand air pour prendre des forces, pour étaler et sécher ses ailes. Il lui faut sortir du cocon. Mais comment s’y prendre ? La chenille a fait le cocon si solide, et le papillon est si faible ! Finira-t-il dans la prison, le pauvret ? Il valait bien la peine de se donner tant de mal pour étouffer dans la cellule close, une fois le but atteint !

Émile. — Tiens, c’est vrai, le voilà bien embarrassé. Comment fera-t-il pour percer sa prison de soie ? La zeuzère n’a pas ce souci ; le papillon s’envole par la fenêtre ouverte dans le bois.

Paul. — Vous voyez qu’en ne se filant pas de cocon, qui du reste lui serait inutile, la zeuzère s’évite plus tard de sérieux embarras.