Émile. — Avec les dents, le papillon ne peut-il déchirer le cocon ?
Paul. — Mais, naïf enfant, il n’en a pas, ni rien qui en approche. Il n’a qu’une trompe, incapable du moindre effort.
Émile. — Avec les griffes alors ?
Paul. — Oui, s’il en avait d’assez robustes. Le malheur est qu’il n’en a pas.
Jules. — Cependant, il doit pouvoir sortir de là.
Paul. — Sans doute, il en sortira. Toute créature
n’a-t-elle pas ses ressources dans les moments difficiles de la vie ? Pour briser la coque de l’œuf qui le retient prisonnier, le tout petit poulet a sur le bout du bec un durillon fait exprès, et le papillon n’aurait rien pour ouvrir son cocon ! Oh ! que si. Mais vous ne sauriez soupçonner le singulier outil dont il va se servir. Il va se servir de ses yeux.
Jules. — De ses yeux ?
Paul. — Oui. Les yeux des insectes sont recouverts d’une calotte de corne transparente, dure et taillée à facettes. Il faut un verre grossissant pour distinguer ces facettes, tant elles sont fines ; mais, si fines qu’elles soient, elles n’ont pas moins de vives arêtes, dont