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Page:Les Ravageurs, Jean-Henri Fabre.djvu/119

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XX

LE TAUPIN

Émile. — L’autre insecte, vous savez, celui que le carabe doré poursuivait et qui s’est mis à bondir sur le dos pour échapper, comment s’appelle-t-il ? que sait-il faire ?

Paul. — Nous l’appelons taupin, en d’autres pays on le nomme saute-marteau, les savants lui donnent le nom d’elater. Ces deux derniers termes font allusion à la faculté que possède l’insecte de bondir brusquement, de sauter en l’air pour se remettre sur les jambes quand il est sur le dos. Le taupin a les pattes courtes ; lorsque, par accident, il se trouve renversé sur le dos, il lui serait impossible de se relever si des moyens spéciaux ne le tiraient d’affaire. Que deviendrait le pauvre saute-marteau qui, le ventre en l’air, remuerait vainement ses courtes pattes sans pouvoir toucher le sol et prendre appui ? Je vous laisse à penser la fâcheuse position quand surtout le temps presse et qu’un carabe goulu vous menace. Chaque espèce, mes enfants, a ses ruses pour dérouter l’ennemi, son savoir-faire pour se tirer d’embarras. Le taupin a pour lui le ressort qui, en se détendant, le fait bondir et le remet sur les jambes.