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Page:Les Ravageurs, Jean-Henri Fabre.djvu/226

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LES RAVAGEURS

ont quatre pièces ou pétales disposées deux par deux, en face l’une de l’autre, de façon à figurer une sorte de croix. Telle est la fleur du colza. Les plantes à fleurs en croix comprennent le chou, la rave, le navet, le radis, la giroflée, le colza, le cresson et tant d’autres.

Émile. — Ce sont toutes des crucifères ?

Paul. — Ce sont toutes des crucifères. Leur ressemblance ne se borne pas à la forme de la fleur ; leurs propriétés intimes, odeur, saveur et le reste, sont les mêmes, ou peu s’en faut. Aussi le charançon, qui sait ces choses mieux que pas un, va sur le navet quand il n’a pas le chou, sur le colza si le navet lui manque, ou sur d’autres encore, mais toujours de la famille des crucifères. Les autres insectes en font autant : chacun a son groupe de plantes et va d’une espèce à l’autre sans jamais se tromper de famille.

Jules. — Ce sont donc des botanistes consommés ?

Paul. — On le dirait presque ; du moins ils montrent dans leur choix un discernement si judicieux, que bien des fois les savants pourraient aller à leur école pour apprendre le degré de parenté des végétaux.

Jules. — Oncle Paul, vous voulez rire ?

Paul. — Je veux rire ! Attendez, Vous connaissez la capucine, la belle fleur orangée qui se termine inférieurement par une espèce de corne ; vous connaissez le réséda, la plante à odeur suave que mère Ambroisine cultive sur la fenêtre ?

Jules. — Je les connais.

Paul. — Alors dites-moi si vous trouvez entre le