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LES RAVAGEURS

aiguillon caché ; ils ne le sortent qu’au moment de l’attaque.

Jules. — Ces trois fils, aussi longs que le corps de l’insecte, à quoi servent-ils donc ?

Paul. — Les deux fils latéraux, en se rapprochant, forment une gaine qui enveloppe et protège celui du milieu, le plus important des trois, car il sert à déposer les œufs où l’insecte le juge à propos.

Louis. — J’ai vu des ichneumons à peu près pareils dont la tarière était engagée dans l’épaisseur de l’écorce d’un peuplier. Apparemment ils pondaient leurs œufs dans l’intérieur du bois.

Paul. — Mieux que cela. Les larves d’ichneumons vivent dans le corps d’autres larves qu’elles dévorent petit à petit, sans les tuer, jusqu’au dernier moment. Ce sont des larves carnassières, à qui il faut de la chair fraîche, se renouvelant à mesure qu’on la mange. Les ichneumons dont Louis nous parle étaient occupés à déposer leurs œufs dans le corps de vers dodus qui vivent dans le bois et deviennent des capricornes.

Jules. — Mais ces vers de capricornes ne se voient pas. Ils sont sous l’écorce, et même dans l’épaisseur du bois.

Paul. — L’ichneumon n’a pas besoin de les voir pour savoir qui ils sont.

Jules. — Il les entend alors ?

Paul. — Pas davantage. Le ver se tient tranquille dans sa galerie ; il se garde bien d’attirer par du bruit l’attention de son ennemi.

Jules. — Il les sent, au moins ?

Paul. — C’est fort douteux. Une larve vivante n’a