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XLVIII

LES PUCERONS (Suite)

Émile. — Et les pucerons ?

Paul. — L’histoire du derviche nous y mène tout droit. Pour s’accroître en nombre, les pucerons ont des moyens rapides qu’on ne retrouve plus chez les autres insectes. Au lieu de pondre des œufs, trop lents à se développer, ils pondent des pucerons vivants, qui tous, absolument tous, dans une quinzaine de jours, ont pris leur croissance et se mettent à pondre une nouvelle génération. Cela se répétant toute la belle saison, c’est-à-dire pendant la moitié de l’année, le nombre de générations issues l’une de l’autre pendant cet intervalle de temps est au moins d’une dizaine. Admettons qu’un puceron en produise cinquante, quantité moyenne reconnue par l’observation. Chacun des cinquante pucerons issus du premier en produit cinquante autres, ce qui fait en tout deux mille cinq cents. Chacun de ces deux mille cinq cents en produit cinquante, en tout cent vingt-cinq mille. Chacun de ceux-ci en produit encore cinquante, ce qui donne dix millions deux cent cinquante mille pour la quatrième génération. Et