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Page:Les Ravageurs, Jean-Henri Fabre.djvu/81

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ORIGINE DES INSECTES

sur le point de se corrompre, et autres matières auxquelles on attribuait la génération des vers. Attirées par l’odeur, des mouches ne tardèrent pas à venir voltiger autour des substances putrides et à déposer leurs œufs sur la gaze même, dans les points les plus rapprochés de la viande et du fromage qu’elles ne pouvaient atteindre ; mais, dans aucun cas, malgré la décomposition la plus avancée, des vers ne se développèrent dans ces matières corrompues qui n’avaient pas reçu des œufs. Il fut dès lors évident, pour tous les bons esprits, que les vers ou larves d’insectes naissent des œufs pondus par des insectes semblables, et non de la pourriture.

Émile. — Voilà pourquoi mère Ambroisine met les provisions dans une cage faite d’une fine toile métallique ?

Paul. — Oui, mon enfant : mère Ambroisine, qui ne s’en doute guère, fait comme le savant Redi ; elle empêche les mouches d’aller gâter la viande en y pondant leurs œufs.

Redi eut des successeurs dans la voie qu’il venait d’ouvrir avec tant de lucide simplicité. On prit sur le fait le moucheron qui dépose dans les cerises l’œuf d’où provient le ver connu de tous ; on reconnut que les fruits véreux doivent les habitants qui les rongent non à la corruption, mais à des germes déposés là par des insectes divers ; on s’assura que les poux ne viennent pas de la chair, ni les puces des ordures en fermentation ; on prouva, clair comme eau de roche, que les grenouilles ne sont pas engendrées par la boue des marais, mais qu’elles naissent d’œufs pondus par d’autres grenouilles ; on releva les mille