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LES SÉRAILS DE LONDRES

Elle avoit un cousin qui étoit enseigne dans les Gardes, et qui, comme la plupart des jeunes militaires, donnent, par circonstance, dans les foiblesses et la dissipation ; en un mot, il visita, ce jour-là, les séminaires de King’s Place ; il avoit bû extraordinairement à la santé de son souverain ; et, le vin généreux, avoit tellement opéré sur ses facultés, qu’il avoit excité ses sens aux désirs amoureux, et que, guidé par ce motif, il étoit venu dans la maison même où se trouvoit sa parente ; il fut donc introduit, par bévue, dans le parloir où Miss M...e dormoit sur un sopha ; il ne l’eût pas plutôt envisagée qu’il s’écria : « Dieux ! que vois-je ! mon aimable et douce cousine… Ma chere Miss M...e dans un pareil lieu !… » La familiarité de sa voix la réveilla ; en le reconnoissant, elle sauta en sursaut et s’évanouit ; mais elle revint bientôt à elle. « Ma chère amie, continua-t-il, ce n’est pas ici que nous devons entrer en explications, vous devez à l’instant venir avec moi. » En proférant ces mots, il l’enveloppe aussitôt dans ses ajustements, la prend dans ses bras, la transporte ainsi dans une voiture, et la conduit chez son père qui demeuroit dans Bond-Street : comme il passoit le seuil de la porte, la voiture du milord venoit justement de s’arrêter, et un de ses domestiques étoit sur le point de sonner.

Cette histoire, qui est très vraie, et peut être