Page:Les Sérails de Londres, 1911.djvu/145

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

124
LES SÉRAILS DE LONDRES

leur de leur teint ; mais je commence à découvrir d’après l’expérience, que cette épreuve de notre patience ne doit durer que pendant un temps, attendu que la Providence a donné à l’homme des connoissances pour remédier à tous les maux de cette vie ; il n’est point, sous le soleil, d’infirmités qui, par l’industrie et l’habileté de l’homme instruit, ne puissent être guéries ; de même je trouve d’après de semblables exemples dans les recherches de la médecine, des découvertes ingénieuses pour détruire la couleur basannée de tout teint quelconque, sur-tout si ces remèdes sont employés avec habileté et persévérance. Je suis maintenant, ma chère Miss, dans ces médicaments, et j’espère, dans peu de semaines, être en état de me jeter à vos pieds, et vous montrer une figure aussi agréable que vous pouvez la désirer ; en même temps, croyez-moi avec la plus grande sincérité, mon aimable ange, votre très dévoué serviteur,

S...se.


Cette épître extraordinaire produisit un effet risible et bizarre sur la personne de Miss G.... : elle étoit à prendre le thé avec une de ses intimes amies lorsqu’elle la reçut : à peine en avoit-elle lu la moitié, qu’elle se mit à rire d’une si grande force, que son amie, involontairement, fit de même, sans en savoir le sujet, et que le domestique qui attendoit la réponse, fut saisi de la même convulsion risible, malgré qu’il mordit ses lèvres de mécontentement. Lorsque cette convulsion contagieuse, qui souvent se communique comme le bâillement, fut passée, Miss W...ms demanda à Miss G.... le motif de son rire ; elle lui présenta