Page:Les Sérails de Londres, 1911.djvu/186

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

161
LES SÉRAILS DE LONDRES

de Mme Hainstrun (le lecteur doit se rappeler que nous l’avons prévenu au commencement du chapitre précédent que Nelly avoit adopté ce nom) peut proprement être regardée plutôt une maison d’intrigue qu’un séminaire. Les plus belles femmes galantes de cette capitale la fréquentent très souvent. Mme Hainstrun n’avoit point le caractère mercenaire des autres mères abbesses ; elle aimoit mieux traiter d’une partie joyeuse, agréable et amusante, que de recevoir des personnes tristes, flegmatiques et ennuyantes, qui chassent la bonne humeur en proportion de l’argent qu’ils dépensent. Les hommes instruits, gais, divertissants et aimables se rassembloient dans sa maison, moins pour satisfaire aucune passion lascive, que pour jouir du plaisir d’être dans une bonne compagnie, et pour passer quelques heures dans une agréable société.

D’après ce genre d’amis et de connoissances de Mme Hainstrun, le lecteur est en état de se former une idée du motif qui attiroit les visiteurs dans sa maison : en parlant ainsi, nous ne prétendons point dire qu’elle est la région de l’amour platonique. Non, il n’est point de femmes plus sensuelles dans la passion amoureuse que Nelly. Il est vrai qu’elle a un homme qu’elle aime, ou plutôt qu’elle est la favorite d’un homme de grands moyens, et qui a des liaisons avec les théâtres,