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LES SÉRAILS DE LONDRES

certainement les Laïs les plus célèbres d’Athènes, et cela suffit pour rendre toute femme grondeuse de voir un mari s’égarer, et négliger ses charmes réels ou imaginaires. Mais pourquoi cette digression ? il y a plus de sept ans que je n’ai lu Tristram Shandy, il fut l’auteur le plus à la mode qui ait jamais écrit, mais semblablement à toutes les autres nouveautés, la lecture de Shandy a passé de mode comme celle de la Bible, ou bien comme plusieurs séminaires de Saint-James, de Marybone ou de Piccadilly. Je ne crois pas cependant avoir attrapé la contagion épisodique, c’est pourquoi je vais encore entretenir le lecteur de l’aimable Charlotte S....rs, jusqu’à ce qu’il en soit fatigué.

Miss Charlotte S....rs étoit la fille d’un gentilhomme de campagne, qui mourut lorsqu’elle étoit dans son enfance. Sa mère avoit payé sa dette à la nature quelques années auparavant. On lui donna un tuteur qui, sous le manteau de la religion, s’étoit si bien insinué dans les bonnes grâces de Miss Charlotte, qu’elle le regardoit comme un saint. Quant à M. Rawl..ns, (ainsi s’appeloit son tuteur) une jeune sainte étoit tout ce qu’il adoroit ; il avoit dissipé la plus grande partie de sa fortune qui étoit très considérable ; mais comme ses extravagances furent commises dans la capitale, et comme il n’avoit point engagé son bien, quoiqu’il eut emprunté, pendant sa minorité, des