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LES SÉRAILS DE LONDRES

ment que j’ai pris avantage de votre jeunesse et de votre inexpérience pour me rendre le maître de votre aimable personne et de votre fortune : pensez à ce que je sens dans un pareil embarras. Considérez-moi donc comme votre tuteur, votre ami sincère, et comme votre époux le plus tendre, et alors refusez-moi, si vous le pouvez, les droits que je demande.

En disant ces mots, il l’accabloit de baisers. Miss Charlotte, ainsi surprise, n’eut pas la force de résister, et elle céda à sa passion brutale sans connoître la faute dont elle se rendoit coupable.

Ils vécurent deux ans sur ce pied clandestin. Au bout de ce temps M. R...s fut emporté par une fièvre putride. Comme il étoit mort sans tester, son frère prit possession de son bien, et s’empara par conséquent des fragmens de la fortune de Miss Charlotte S...rs que le défunt s’étoit approprié long-temps auparavant.

Quelle route devoit prendre cette innocente et confiante fille qui se trouvoit ainsi jetée dans le monde sans amis, sans connoissance et sans argent ; elle devint bientôt la proie de Mme Pendergast, qui, avant qu’elle fût entretenue par le lord C..sf..t, tira un parti avantageux de sa personne ; elle étoit toujours avec le lord lorsqu’elle rendit ses visites à Nelly Elliot. Malgré que cette dame soit une compagnie très agréable et très amusante, nous allons pour le moment prendre congé d’elle.