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LES SÉRAILS DE LONDRES

veuf, il l’admettoit très-souvent dans son lit ; cet honneur étoit toujours accompagné de présents, qui bientôt attestèrent qu’elle étoit sa favorite ; resta dans cet état près de trois années, pendant lequel temps elle eut deux enfants. Ses affaires l’appellèrent alors en Angleterre, Harriot l’y accompagna. Malgré les beautés qui, dans cette île, fixoient son attention, elle demeura constamment et sans rivalité l’objet chéri de ses désirs ; et cela n’étoit pas en quelque sorte extraordinaire, car, quoique son teint ne fut pas aussi engageant que celui des belles filles d’Albion, elle possédoit plusieurs charmes qui ne sont pas ordinairement rencontrés dans le monde femelle qui s’adonne à la prostitution. Harriot étoit fidèle à son maître, soigneuse de ses intérêts domestiques, exacte dans ses comptes, et elle n’auroit point souffert que personne ne le trompât ; et, à cet égard, elle lui épargnoit par an quelque centaines de livres sterlings. La personne d’Harriot étoit très-attrayante ; elle étoit grande, bien faite et gentille. Pendant son séjour en Angleterre, elle avoit orné son esprit par la lecture de bons ouvrages, et à la recommandation de son maître, elle avoit acheté plusieurs livres utiles, agréables et convenables aux femmes. Elle avoit par là considérablement perfectionné son jugement, et avoit acquis un degré de politesse qui se trouve à peine chez les Africaines.