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Page:Les Sérails de Londres, 1911.djvu/213

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LES SÉRAILS DE LONDRES

ses charmes, et, à cet effet, elle s’adressa à Lovejoy, pour qu’il la produisît convenablement en compagnie. Elle étoit, dans le vrai sens du mot, une figure tout à fait nouvelle pour la ville, et un parfait phénomène de son espèce. Lovejoy dépêcha immédiatement un messager au lord S..., qui s’arracha aussi-tôt des bras de Miss R...y pour voler dans ceux de la beauté maure. Le lord fut tellement frappé de la nouveauté des talents supérieurs de Harriot, auxquels il ne s’attendoit pas, qu’il la visita plusieurs jours de suite, et ne manqua jamais de lui donner chaque fois un billet de banque de vingt livres sterlings.

Harriot roula alors dans l’or ; trouvant donc qu’elle avoit des attraits suffisants pour s’attirer la recommandation et l’applaudissement d’un connoisseur aussi profond que l’étoit milord dans le mérite femelle, elle résolut de vendre ses charmes au plus haut taux possible ; et elle conclut que le caprice du monde étoit si grand, que la nouveauté pouvoit toujours commander le prix.

Dans le cours de peu de mois, elle pouvoit classer sur la liste de ses admirateurs, quarante pairs, et cinquante membres de la Commune qui ne se présentoient jamais chez elle qu’avec un doux papier appelé communément billet de banque. Elle avoit déjà réalisé près de mille livres sterling ; outre le linge, la garde-robe immense, la