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LES SÉRAILS DE LONDRES

était sûre de rencontrer Palmer, l’acteur, Bet Weyms, Alexandre Stevens, Derrick et autres esprits choisis dont la compagnie lui était agréable. À la retraite du vieux baronnet, les affaires de Lucy prirent une tournure bien différente ; elle ne donna plus de dîners au beau Tracey ni au roi Derrick qui était dans la plus grande misère. Sa Majesté a compté plus d’une fois les arbres du parc pour un repas, mais si quelque connaissance amicale ne prenait pas compassion de lui, et ne l’invitait pas à se rendre à son logis, alors il faisait le tour de la cuisine de Lucy ou de Charlotte Hayes. À cette époque, cette dernière dame était entretenue par Tracey, un des hommes les plus dissipés de ce siècle par rapport au beau sexe. Il avait cinq pieds neuf pouces de haut ; sa taille était celle d’un Hercule et sa contenance tout à fait agréable : l’extravagance de sa parure lui avait fait donner l’étiquette de beau Tracey. Abstraction de ses qualités pour les femmes, c’était un homme au-dessus du médiocre pour le bon sens et l’instruction ; il était un écolier supportable ; il avait une bibliothèque assez bien composée ; il aimait tellement les livres que pendant que son perruquier arrangeait ses cheveux, il lisait constamment quelqu’auteur estimé et il disait en cette occasion : « que tandis qu’on embellissait l’extérieur de sa tête, il polissait tou-